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IV- Problems caused by the organization of the FIFA 2014

Marie Capdeville

1. ORIGINAL ARTICLE (in french)

 

Au Brésil, la Coupe du monde du football se jouera dans des éléphants blancs

11 juin 2014 / Andrea Barolini (Reporterre) 

 

A quelques jours de la Coupe du monde de football, le pays est agité par des mouvements de contestation. Une des raisons en est la débauche d’argent dépensé pour des stades démesurés, quand pauvreté et inégalité sont toujours immenses. Voici un tour guidé de ces grands projets footballistiques inutiles.

 

Mardi 22 avril, de violentes émeutes à Copacabana, au Brésil, ont opposé des jeunes des favelas et des policiers. Un homme serait mort au cours des manifestations, qui témoignent que, moins d’un an après l’agitation sociale de juin 2013, la société reste toujours en colère. En cause, notamment : les investissements colossaux réalisés pour la Coupe du monde de football, alors que des besoins sociaux urgents ne sont toujours pas satisfaits. Le gouvernement a essayé de présenter sa démarche comme "environnementale". Mais ça ne suffit pas...

Les efforts que l’Afrique du Sud a fournis en 2010 pour rendre la Coupe du monde de football écologique « ne sont pas suffisants. Cela mérite d’être pris en compte sérieusement par la Fédération Internationale de Football (la Fifa, ndlr) ». C’était en octobre 2012 : le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) soulignait que l’organisation du Mondial africain n’avait pas été à la hauteur en matière environnementale.

Officiellement, les indications du PNUE ont été entendues par les autorités brésiliennes, qui pour la vingtième édition de la Coupe du monde vont présenter douze stades « écologiques », flambant neufs ou rénovés, à Rio de Janeiro, Brasilia, Fortaleza, Belo Horizonte, Sao Paulo, Porto Alegre, Salvador de Bahia, Recife, Cuiaba, Manaus, Natal et Curitiba.

Les organisateurs de l’événement – qui se déroulera du 12 juin au 13 juillet - se sont engagés à réduire l’impact sur l’environnement, en utilisant des technologies durables allant des systèmes d’éclairage efficaces à la réduction de la consommation d’eau, en passant par l’accessibilité pour les personnes handicapées et par les transports écologiques.

Ainsi, le stade Maracanà de Rio de Janeiro - le temple du foot planétaire, édifié pour la Coupe du monde 1950 - a été rénové et présenté comme un exemple de développement durable. Son toit est garni de mille cinq cents panneaux photovoltaïques qui assurent son autonomie énergétique (le projet a été mené par un partenariat entre les sociétés Yingli, Light Esco, la française EDF et l’État de Rio de Janeiro).

De même, le stade de Belo Horizonte, a été le premier à recevoir le label Leadership in Energy and Environmental Design (LEED), une certification américaine octroyée aux bâtiments à haute qualité environnementale.

Mais la cerise sur le gâteau est le stade de Brasilia. Entièrement rénové, il a été conçu comme le premier stade 100% écologique au monde. Il produit autant d’énergie qu’il en consomme, utilise des lumières LED pour l’éclairage et sa pelouse est arrosée grâce à un système de stockage et d’utilisation de la pluie.

Le toit est complètement recouvert de panneaux solaires fournissant autant d’électricité quotidiennement que ce qu’en consomment mille maisons. De plus, la structure est dotée d’une membrane photo-catalytique pour capter les particules polluantes et améliorer la qualité de l’air.

 

Des stades très couteux, qui ne serviront plus

Un seul inconvénient : ces stades risquent fort de se transformer en « élephants blancs », une fois éteints les feux de la fête. L’exemple le plus évident est le stade de Manaus, l’Arena da Amazônia. Il pourra accueillir 40.000 personnes pendant la Coupe, et selon la FIFA fera partie d’un « complexe qui offrira de nombreux services comme des restaurants, un parking souterrain et un accès par bus et monorail ».

Mais nombreux sont ceux qui sont révoltés par ce projet pharaonique qui a coûté 205 millions d’euros. Pour une raison de bon sens : après le Mondial le stade ne sera plus utilisé, car la meilleure équipe locale, le Nacional, évolue en Série D, la quatrième division brésilienne. Habituellement, moins de deux mille personnes suivent les matches de cette modeste équipe : le stade sera un monument inutile au milieu de la forêt amazonienne.

A Cuiaba, la situation est la même. Le stade de 43.000 spectateurs trônera dans une ville où les équipes végètent en Série C et D. Tandis qu’à Natal, l’Arena des Dunas, qui a coûté 125 millions d’euros, après avoir accueilli quatre matches durant la Coupe du Monde, servira de costume bien trop grand à deux clubs de Série B : l’ABC et l’America RN.

 

« En plus du football, l’Arena das Dunas sera utilisée pour des concerts, des salons commerciaux, des ateliers, des événements majeurs et des expositions », a déclaré la présidente Dilma Rousseff lors de l’inauguration du stade, tentant d’enrayer la polémique. Mais même avec ces activités, une infrastructure sportive de 42.000 places reste démesurée.

Et quand les activités alternatives ne se déroulent pas, il faudra payer l’entretien de l’Arena, qui a été évaluée par un dirigeant du stade en 376.000 euros par mois.

Et puis, il y a le stade de la capitale Brasilia, le Mané Garrincha : 71.000 places en plein centre ville. Un monstre qui a coûté 380 millions d’euros, et qui sera le théâtre des matches du Gama et de la Brasiliense, deux équipes mineures suivies jusque-là par… quelques centaines de personnes.

D’ailleurs, l’attention à l’environnement proclamée par les autorités risque de cacher la stratégie énergétique et environnementale du gouvernement sud-américain. Depuis plusieurs années, en effet, des Ong écologistes ont critiqué le double discours des autorités brésiliennes.

« Compte tenu de notre expérience du Brésil, on peut dire que le gouvernement n’a qu’une stratégie de marketing », dit à Reporterre Gert-Peter Bruch, président de l’association Planète Amazone, qui soutient les peuples autochtones d’Amazonie dans leur combat contre la déforestation.

« L’actuelle présidente Dilma Rousseff était ministre de l’Energie du gouvernement de Lula. Elle a développé le plan d’accélération économique du pays, y compris les projets de grands barrages qui posent d’énormes problèmes environnementaux et de droits de l’homme », poursuit-il.

Le plus connu de ces projets est sans doute celui de Belo Monte, en Amazonie : un immense barrage qui menace de détruire des équilibres sociaux et environnementaux fragiles juste au milieu du poumon vert de la planète, dans l’Etat du Para.

« Nous sommes convaincus, accuse Valérie Cabanès, juriste spécialisée dans les droits de l’homme, que la Coupe du Monde et les Jeux olympiques seront le prétexte pour accélérer le calendrier de travaux comme celui de Belo Monte, dont le chantier est désormais ouvert 24 heures sur 24. Le Brésil veut rivaliser avec les grandes puissances du monde en magnifiant son développement ».

Dans ce contexte, Amnesty International a dénoncé le fait que certains travaux pour le Mondial se sont soldés par des expulsions forcées.

 

Des dépenses colossales rejetées par la population

« Plusieurs mouvements dénoncent la Coupe du Monde, explique Bruch, parce qu’elle sera la vitrine d’un modèle qu’ils rejettent. Ils ne comprennent pas pourquoi l’argent n’a pas été consacré d’abord aux programmes sociaux. Au Brésil les conditions de la santé, de l’environnement, de l’éducation sont catastrophiques ».

Les projets d’infrastructures urbaines en vue de la Coupe du Monde (comme des prochains Jeux Olympiques de Rio en 2016) ont produit ainsi des très fortes protestations, voire des véritables émeutes. Selon une enquête de la Confédération nationale des transports, la plupart des Brésiliens (75%) considèrent comme inutiles les dépenses colossales imposées par le gouvernement pour organiser le Mondial de football.

Le 17 juin 2013, 200.000 personnes sont descendues dans les rues de plusieurs villes du pays, pour protester contre l’augmentation des tarifs des transports en commun, mais aussi contre les coûts gigantesques de l’organisation du Mondial. Quatre jours plus tard, le nombre de manifestants a atteint 1 million.

« Le Brésil n’est pas seulement le pays du football et de la fête. Ici, nous avons d’autres préoccupations, comme le manque d’investissements dans des domaines réellement importants comme la santé et l’éducation », avait expliqué une manifestante citée par l’AFP.

 

Les autorités espèrent que la Coupe du monde de football génèrera des retombées économiques de plus de 3 milliards, un impact positif sur la croissance de 0,4 % par an jusqu’en 2019 et à la création d’environ 600.000 emplois (dont la moitié temporaires).

Mais selon un article paru en 2012 dans le magazine géopolitique italien Limes, le coût réel du Mondial sera bien plus lourd : « Si en 2010 en Afrique du Sud les dépenses totales ont été de 4 milliards de dollars, ce qui a été jugé scandaleux, au Brésil on a déjà atteint les 13 milliards. Mais la présidente Dilma Rousseff a anticipé qu’il faudra atteindre au moins les 18 milliard de dollars (13 milliards d’euros, ndlr), tandis que des sources indépendantes parlent de 33,2 milliards (24 milliards d’euros, ndlr) ».

Et malgré cet effort, le président de la FIFA, Joseph Blatter, a récemment déclaré : « le Brésil est le pays le plus en retard (sur la préparation des infrastructures, ndlr) depuis que je suis à la Fifa, et pourtant c’est le seul qui avait autant de temps, sept ans, pour se préparer ».

Mais « the show must go on ». La Coupe du Monde génère 90 % des revenus de la Fifa. En Afrique du Sud, la Fédération a encaissé 4,2 milliards de dollars (2,4 seulement pour les droits télé).

 

 

2. ARTICLE IN ENGLISH

 

In Brazil, the football World Cup will be played in white elephants

June 11, 2014 / Andrea Barolini (Reporterre)

 

A few days before the World Cup, the country is shaken by protests. One reason is the money spent on excessive debauchery stages, when poverty and inequality are still immense. Here is a guided tour of these great football unnecessary projects.

 

Tuesday, April 22, violent riots in Copacabana, Brazil, pitted young favela and police. A man died during the protests, which show that, less than a year after the unrest of June 2013, the company is still angry. In case including the huge investments made for the FIFA World Cup, while urgent social needs are still not satisfied. The government has tried to portray its approach as "environmental". But that is not enough ...

The efforts that South Africa has provided in 2010 to make the World Cup soccer ecological "are not sufficient. This deserves to be taken seriously by the International Football Federation (FIFA, ed) ". That was in October 2012: the United Nations Environment Programme (UNEP) highlighted the organization of the African World had not been up in environmental matters.

Officially, UNEP indications were heard by the Brazilian authorities, which for the twentieth edition of the World Cup will present twelve stages "green" brand new or renovated, in Rio de Janeiro, Brasilia, Fortaleza, Belo Horizonte, Sao Paulo, Porto Alegre, Salvador de Bahia, Recife, Cuiaba, Manaus, Natal and Curitiba.

Event organizers - which runs from June 12 to July 13 - committed to reducing the impact on the environment, using sustainable technologies ranging from efficient lighting to reduce consumption Water, through accessibility for disabled and green transportation.

Thus, the Rio de Janeiro Maracanà stage - the temple of global football, built for the World Cup 1950 - was renovated and presented as an example of sustainable development. Its roof is lined with 1500 solar panels that provide energy self-sufficiency (the project was led by a partnership between the companies Yingli, Light Esco, the French EDF and the state of Rio de Janeiro).

Similarly, the stadium of Belo Horizonte, was the first to qualify as Leadership in Energy and Environmental Design (LEED) certification granted to an American high environmental quality buildings.

But the icing on the cake is the stage of Brasilia. Completely renovated, it was designed as the first stage 100% ecological world. It produces as much energy as it consumes, uses LED lights for lighting and lawn is watered through a storage system and use of the rain.

The roof is completely covered with solar panels providing as much electricity than it consumes daily thousand houses. In addition, the structure is provided with a photo-catalytic membrane to capture particulate pollutants and improve air quality.

 

Stages very expensive, which will no longer serve

One drawback: these stages are likely to turn into "white elephants" once off the lights of the festival. The most obvious example is the stage of Manaus, the Arena da Amazônia. It will seat 40,000 people during the Cup, according to FIFA and will be part of a "complex that will offer many services such as restaurants, underground parking and access by bus and monorail."

But many are revolted by this mammoth project which cost 205 million euros. For reasons of common sense: after the World Cup the stadium will not be used, because the best home team, Nacional, evolves Series D, the fourth Brazilian division. Usually less than two thousand people follow the matches of this modest team: the stadium will be a useless monument in the middle of the Amazon rainforest.

In Cuiaba, the situation is the same. The stadium of 43,000 spectators enthroned in a city where the teams vegetate Series C and D. While in Natal, the Dunas Arena, which cost 125 million euros, after hosting four matches during the World Cup , will suit too big two clubs in Serie B: ABC and the America RN.

 

"In addition to football, the Arena das Dunas will be used for concerts, trade shows, workshops, exhibitions and major events," said President Rousseff at the opening of the stadium, trying to stop controversy. But even with these activities, a 42,000 seater sports infrastructure remains disproportionate.

And when the alternative activities do not take place, it will pay for maintenance of the Arena, which was assessed by an officer of the stadium in 376,000 euros per month.

And then there is the stadium in the capital Brasilia, Mane Garrincha on: 71 000 seats in the city center. A monster that has cost 380 million euros, which will be the scene of Gama and Brasiliense matches, two minor teams followed so far by ... a few hundred people.

Moreover, attention to environmental risk proclaimed by the authorities to hide the energy and environmental strategy of the South American government. For several years, in fact, environmental NGOs have criticized the double standards of the Brazilian authorities.

"Given our experience in Brazil, we can say that the government has a marketing strategy," said Gert-Peter Bruch Reporterre, president of the Amazon Planet association, which supports indigenous peoples of the Amazon in their fight against deforestation.

"The current President Dilma Rousseff was minister of the Lula government of Energy. She developed the Economic Acceleration Plan of the country, including large dam projects that pose huge environmental problems and human rights, "he continues.

The best known of these projects is undoubtedly that of Belo Monte in the Amazon: a huge dam that threatens to destroy the fragile social and environmental balance right in the middle of the green lung of the planet, in the state of Para.

"We are convinced, Valerie accuses Cabanès, lawyer specializing in human rights, as the World Cup and the Olympics will be a pretext to accelerate the work schedule like Belo Monte, whose site is now open 24 hour 24. Brazil wants to compete with the major powers of the world by magnifying its development. "

In this context, Amnesty International denounced the fact that some work for the World Cup have resulted in forced evictions.

 

Colossal expenditure rejected by the population

"Several movements denounce the World Cup, says Bruch, because it will be the window of a model they reject. They do not understand why the money was not spent on social programs first. In Brazil the conditions of health, environment, education are catastrophic. "

Urban infrastructure projects for the World Cup (as the next Olympic Games in Rio in 2016) and have produced very strong protests and even riots true. According to a survey by the National Confederation of Transport, most Brazilians (75%) consider the huge unnecessary costs imposed by the government to organize the World Cup.

The June 17, 2013, 200,000 people took to the streets in several cities to protest against the increase in tariffs for public transport, but also against the huge costs of organizing the World Cup. Four days later, the number of protesters reached 1 million.

"Brazil is not only the country of football and partying. Here we have other concerns, such as lack of investment in really important areas such as health and education, "explained a protester quoted by AFP.

 

The authorities hope that the World Cup will generate an economic impact of over $ 3 billion, a positive impact on growth of 0.4% per year until 2019 and the creation of about 600,000 jobs (half temporary).

But according to an article in 2012 in the Italian geopolitical magazine Limes, the actual cost of the World will be much heavier, "If in 2010 in South Africa's total expenses were $ 4 billion, which was considered scandalous, Brazil 13 billion has already been reached. But President Dilma Rousseff has anticipated it will reach at least 18 billion dollars (13 billion euros, ie), while independent sources speak of 33.2 billion (24 billion euros, editor's note) " .

And despite this effort, the FIFA president Joseph Blatter recently said: "Brazil is the most backward countries (on preparing the infrastructure, ie) since I was at FIFA, and yet it is the only one who had so much time, seven years to prepare. "

But "the show must go on." The World Cup generates 90% of revenues of FIFA. In South Africa, the Federation has collected $ 4.2 billion (2.4 only for TV rights).

3. PRESS REVIEW

 

 

The article by Andrea Barolini, dating from June 2014, talks about the movements of protests in response to the incomprehension of the people of Brazil facing the project that is taking place in their country, that they consider, in all its enormity, as useless and unsuitable. 

 

In fact the organization of the FIFA, the football World Cup, is an event of great importance for a country and that puts up incredible means and needs. So many stadiums that cost a fortune have to be built and equipped for the World Cup 2014 in different regions of Brazil such as Natal, Belo Horizonte or Brasilia. 

Despite the government's insistence to justify itself by claiming that the stadiums are made to be the most eco-friendly possible, even up to 100% ecological (Stadium Brasilia), people continue to protest of up to cause violent riots. 

 

The reasons for these events are simple: the Brazilians are outraged of such a lack of priorities. While Brazil is one of the most unequal country in the world with an undeniable lack of public services in areas such as education, security and health, the Brazilians are shocked to see the government investing about 13 billion euros in this event and infrastructure, knowing that they will probably never be used again. This is why these colossal expenses are rejected by the Brazilians that react and provoke real riots, sometimes even deadly. 

 

This article, from an Italian journalist, is based on valid facts and presents a neutral representation about Brazilian situation facing this challenge that they choose to take.

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